Pour une fois, j'arrive en avance (c'est à dire pas en retard). Le parking de l'Hostellerie de la Sainte-Baume est vide, juste un camping-car.
Grosses flaques d'eau encore gelées, herbe toute blanche, fait pas chaud. Le Plan-D'Aups, en hiver, c'est pas Marseille...
Je découvre le menu : montée jusqu'au Saint-Pilon, traversée de la Sainte-Baume par le chemin des Crêtes jusqu'au Pas de l'Ai et retour par le "Sentier Merveilleux" .
Tout le monde est là. Démarrage à fond la caisse (sur le plat). La balade commence par le chemin classique qui monte vers la Grotte, le chemin des Roys, avec les escaliers, les oratoires. Mes genoux me signalent qu'il y a des escaliers, mais je l'ai déjà dit, il y a des escaliers.
Aujourd'hui pas de Grotte au menu. Mais au croisement des chemins, après la montée du Canapé, sous l'Oratoire où Marie-Madeleine découvre Jésus ressuscité, nous prenons le chemin qui monte vers le Saint-Pilon. C'est le GR9 que l'on ne quittera que quelques mètres avant le Pas de l'Ai.
Sur le chemin qui montait à la Grotte et au Saint-Pilon, ces oratoires étaient au nombre de sept.
1 - "Marie-Madeleine délivrée des sept démons", dont il ne reste que le pilier.
2 - "Marie-Madeleine au pied de Jésus" dont il ne reste que le pilier.
3 - "Marie-Madeleine et sa soeur Marthe écoutant Jésus".
4 - Près des 3 Chênes, "Marie-Madeleine au pied de la croix".
5 - "Les deux anges apparaissant à Marie-Madeleine au sépulcre". Au croisement des chemins de la grotte et du Saint-Pilon.
6 - "Marie-Madeleine auprès du Seigneur ressuscité". Dans la montée vers le Saint-Pilon.
7 - "Marie-Madeleine en Provence". Près du Saint-Pilon. N'existe plus.
On passe souvent à côté de ces oratoires sans leur porter trop d'attention. Pourtant ils ont fait l'objet de restaurations importantes. Prenez un peu de temps et vous découvrirez les fers à cheval, les signatures et les dates gravées dans la pierre par les Compagnons.
La Chapelle des Parisiens
Petit arrêt à la Chapelle des Parisiens construite en 1629, appelée aussi Chapelle des morts. Une attention sur la qualité de la restauration des murs, des pierres taillées et surtout du toit en lames de bois.
Encore quelques escaliers et nous sommes au sommet.
Derniers escaliers avant le Saint-Pilon |
Orientées au nord, les chandelles de glace décorent les rochers.
Le Col du Saint-Pilon
Ce jour-là, la Chapelle était gardée par des chèvres |
La Chapelle domine la Grotte et la forêt jusqu'à l'hostellerie. Son nom vient du Provençal "pieloun" qui signifie pilier. Puisque la Chapelle a remplacé le pilier érigé au quinzième siècle (1463). Il supportait une statue de la Sainte accompagnée par des anges. La chapelle date de 1618 et a été restaurée en 1795, 1835 et 2015.
Arrivés sur la crête, nous laissons la chapelle du Saint-Pilon à notre droite et suivons le sentier vers l'est, toujours sur la crête.
Depuis le Saint-Pilon, l’Hostellerie est encore visible, noyée dans le vert des terres semées et le gris de la forêt.
Hostellerie de la Sainte-Baume depuis le Saint-Pilon |
Côté légende et histoire
Un petit mot sur ce chiffre sept qui fait l'objet d'une discussion. Initialement les Oratoires étaient au nombre de sept. La légende dit que les anges transportaient la Sainte sept fois par jour, de la Grotte au Saint-Pilon, pour prier.
Une croix, érigée sur un rocher non loin du col, rappelle le lieu du décès d'un chanoine, le 7 septembre 1957 à 76 ans (i. e. dans sa soixante-dix-septième année), après une agonie qui dura 3 jours et 4 nuits...
Côté découverte
Le panorama est exceptionnel. Au nord, non, pas les corons ! Mais les Alpes enneigés qui barrent l'horizon. Et un peu plus près, le sommet du Mont Ventoux, lui aussi couvert de neige.
Les Alpes depuis la Sainte-Baume (Saint-Pilon) |
Au sud, la mer, du Cap Canaille à Toulon. Les nuages nous barrent un peu l'horizon mais le spectacle continue.
La mer et le versant sud de la Sainte-Baume |
Et ce panorama nous accompagnera jusqu'au Pas de l'Ai.
Le Signal des Béguines et le Joug de l'Aigle
Sommet du Signal des Béguines (1147 m) |
Le parcours, balisé de rouge et blanc (GR9 Chemin des Crêtes), nous emmène sur le sommet du Signal des Beguines, point culminant de la chaîne de la Sainte-Baume à 1147 mètres. Le passage au pied de la croix qui marque ce sommet est rapide car la boucle est longue et le lieu de la pause déjeunatoire est imposé... Direction le Pas de l'Ai, au pas de course !
Cette montée vaut bien un selfy |
Idem pour l'autre sommet, le Joug de l'Aigle, tout près, lui aussi crédité d'une altitude de 1147 mètres.
Comme son nom l'indique, le chemin suit la crête, sans grosse difficulté. Au sol la roche est sculptée par l'érosion. Une attention particulière sur la gauche car nous sommes au sommet des falaises et l’aplomb est impressionnant. Donc par jour de grand vent, attention....
Le Chemin des Crêtes entre rochers et plantes rases. A noter : Si vous n'avez pas de gants, une bonne paire de chaussettes (propres) peut faire l'affaire ! L'inverse est plus difficile... |
Chemin des Crêtes sur le GR9 (tracé rouge et blanc) |
Au sol, les plantes sont rases. Les thyms, les santolines, les lavandes ont adopté un port rasant pour se protéger du vent et pour résister au soleil l'été.
Les Asphodèles pointent déjà leur nez, comme les tulipes sauvages ou les Crocus en bouton mi-février (Voir la fiche) !
Couple de Crocus (Joug de l'Aigle) |
Et puis, catastrophe ! De chaque côté du chemin, les plaques de terre sont comme labourées. En regardant de plus près, les bulbes des Asphodèles sont sans dessus dessous.Un peu plus loin, se sont les petits crocus qui sont racines à l'air ! Et c'est comme ça sur des dizaines de mètres. Le coupable ? Il n'a pas laissé son nom, mais c'est un travail de cochon !
Les grandes hampes des Asphodèles sont si belles au printemps (Voir sa fiche).
Asphodèle (Pic de Bertagne) |
Enfin... Je fais glisser quelques mottes sur les bulbes déterrés et visiblement gelés, en espérant que le gel ne soit que superficiel. Le geste est ridicule, mais bon... Pour les sangliers, il faut bien se nourrir, mais un civet leur va si bien...
De loin, la Sainte-Baume est assez plate sur ses sommets. En réalité, lorsque l'on suit le chemin des crêtes, l'effet "montagnes russes" n'est pas négligeable au niveau des mollets, aidé par un sol alternant plaques de calcaire trouées et de plaques de terres en dégel. Mais rien de bien méchant...
Le Pas de l'Ai
Une dernière descente et nous laissons le tracé rouge et blanc du GR pour un tracé jaune. Le tracé suit la crête mais au bout de quelques mètres, virage à gauche toute. Nous nous faufilons entre deux rochers. C'est le Pas de l'Ai.
Ce "Pas" ("Passage" en provençal) est étroit et un peu délicat. Je ne parle pas du fait que les plus gros doivent rentrer le ventre. Je parle de la pente et des rochers qui réclament un peu d'attention.
Mais quelques mètres plus bas, c'est "Le Paradis". Rassurer-vous, il n'y a pas eu de miracle...C'est le nom de la petite clairière entre les rochers.
"Ai" peut être traduit par "âne" (cf. Pèbre d'ai). On peut donc penser qu'il s'agit du "passage de l'âne" !
Petite remarque pour bien prononcer "Ai" et éviter d'être ridicule. C'est "Aie !"comme le pèbre d'Ai, comme s'il y avait un tréma sur le i.
Le Sentier Merveilleux
C'est déjà le retour. Plus de difficultés. La descente sera longue et tranquille sur le Sentier Merveilleux...Survivre sur les rochers n'est toujours facile |
Le sentier doit son nom à la végétation qu'il traverse. Une végétation dense, des rochers moussus, des arbres morts troués et écaillés de champignons.
La route s'élargit. La descente continue. Au bord du chemins des Hellébores en fleurs baissent la tête.
Les ifs semblent se plaire dans ce coin orienté au nord, abrité par les grandes barres de rochers gris. Les feuillus n'ont pas encore de bourgeons.
Chatons de Noyer (?) |
Un débat nous anime sur des arbres couverts de chatons. Noisetier... Saule... Bouleau... Le bouleau ? Un comble pour les retraités que nous sommes...
Carrefour des Trois Chênes. Dernier kilomètre et nous sommes arrivés !
Les sites traversés
Le Chemin des Roys, la Chapelle des Parisiens, le Col du Saint-Pilon, le Signal des Béguines et le Joug de l'Aigle, le Pas de l'Ai, le Sentier Merveilleux.La végétation
Sur les crêtes : les plantes classiques des sommets provençaux : lavandes, santoline, thym, chardon, asphodèles, crocus, tulipes sauvages...
Dans la foret : les arbres de cette forêt remarquable et aussi les hellébores déjà fleuries. Pour l'arbre à chatons...
Le parcours
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Dénivelé positif cumulé : 571 m
Dénivelé négatif cumulé : 564 m
Altitude maxi : 1131 m
Altitude mini : 674 m
Altitude moyenne : 888 m
Temps estimé : 4 h 30
Numéro carte IGN : 3345 OT
bonjour pour les personnes sujettes au vertige c'est faisable tout de meme?
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